Condition de l’établissement d’une grande démocratie européenne (deuxième partie)

Dans la perspective d’une grande démocratie Européenne avec un président élut au suffrage direct, j’ai décidé de publier deux textes absolument fondamentaux de Charles-Louis de Secondat, Baron de La Brède et de Montesquieu qui sont extraits de « De l’esprit des lois » (1748). Je publie aujourd’hui le deuxième texte qui est assez complexe, mais les conclusions que l’on peut en tirer ne sont pas moins importantes.

Montesquieu aborde le problème central qui est la difficulté à diriger un état fort étendu et nous met en garde contre l’agrandissement territorial et la propension des grands états à avoir des régimes autoritaires…

Les conclusions que je tire de ce texte dans la perspective de l’avènement d’une grande démocratie européenne est que le pouvoir central d’un grand état doit être limité dans son chant d’action et doit laisser une grande liberté, notamment économique aux niveaux des états, notamment en ce qui concerne l’innovation qui ne doit être par aucun moyen limité. Cela passe par un marché peu réglementé qui favorise les petites entreprises. Son devoir est d’établir la concurrence, non faussé particulièrement par la maitrise de ses frontières extérieures et le prélèvement de droit de douane, mais également en encourageant l’implantation d’usines étrangères sur son sol en facilitant la circulation des capitaux.

Un grand état se doit d’avoir une constitution, mais cette constitution doit être limitée à la protection des droits fondamentaux. Il doit s’agir d’un texte cour, d’une dizaine de pages tout au plus qui doit recueillir un large consensus. L’état central doit avoir tous les moyens pour faire respecter cette constitution, c’est-à -dire qu’elle doit disposer d’une police fédérale capable de faire respecter cette constitution dans tous les états qui la compose. Enfin l’état central doit disposer d’une armée qui ne substitue par aux armées nationales, mais qui s’ajoute à elles. Cette armée doit avoir pour chef suprême le président de l’union élu au suffrage direct. Des mécanismes opérant de destitution doivent être inscrit dans la constitution afin de prévenir la grande démocratie européenne de sombrer dans la dictature. L’armée européenne doit être équipée de l’arme nucléaire et de tous les vecteurs permettant de projeter la destruction chez les ennemis de l’Union.

Je vous laisse maintenant lire le texte de Montesquieu et espère qui vous inspirera également. Bonne lecture et bons rêves.

Propriétés distinctives de la monarchie (chapitre 17)

Un État monarchique doit être d’une grandeur médiocre. S’il était petit, il se formerait en république ; s’il était fort étendu, les principaux de l’État, grands par eux-mêmes, n’étant point sous les yeux du prince, ayant leur cour hors de sa cour, assurés d’ailleurs contre les exécutions promptes par les lois et par les mœurs, pourraient cesser d’obéir ; ils ne craindraient pas une punition trop lente et trop éloignée. Aussi Charlemagne eut-il à peine fondé son empire, qu’il fallut le diviser ; soit que les gouverneurs des provinces n’obéissent pas ; soit que, pour les faire mieux obéir, il fût nécessaire de partager l’empire en plusieurs royaumes. Après la mort d’Alexandre, son empire fut partagé. Comment ces grands de Grèce et de Macédoine, libres, ou du moins chefs des conquérants répandus dans cette vaste conquête, auraient-ils pu obéir ? Après la mort d’Attila, son empire fut dissous : tant de rois qui n’étaient plus contenus, ne pouvaient point reprendre des chaînes. Le prompt établissement du pouvoir sans bornes est le remède qui, dans ces cas, peut prévenir la dissolution : nouveau malheur après celui de l’agrandissement ! Les fleuves courent se mêler dans la mer : les monarchies vont se perdre dans le despotisme.